À Boissy-Saint-Léger, dans le Val-de-Marne, entre Créteil et Fontainebleau et malheureusement tout proche de l’aéroport d’Orly, le château de Grosbois et le Musée du trot revivent, depuis le weekend des 6 et 7 juin marquant leur réouverture au public après plus de deux ans de travaux. Grâce notamment à une collaboration exemplaire avec le Souvenir napoléonien, la Société d’encouragement à l’élevage du cheval français – Le Trot a pu mettre à la disposition des visiteurs ce fabuleux domaine marqué par la personnalité de celui qui fut le plus proche collaborateur de Napoléon et qui disparut tragiquement il y a deux cents ans.
Le 1er juin 1815, en effet, le maréchal Alexandre Berthier se tuait en tombant d’une fenêtre du château bavarois de Bamberg, résidence de sa belle-famille où il se trouvait depuis quelques semaines après avoir accompagné dans son exil à Gand Louis XVIII chassé de France par le retour de Napoléon depuis l’île d’Elbe. Comme tous les autres militaires il avait, l’année précédente, prêté serment de fidélité au roi revenu sur le trône de ses ancêtres. À partir de là, on imagina volontiers que le maréchal, tourmenté par son passé, s’était suicidé ou que, poursuivi par de mystérieux opposants, il avait été assassiné. L’épisode a d’ailleurs été porté sur scène le samedi 6 juin lors d’une « enquête théâtralisée » donnée dans le château de Grosbois, malheureusement de fort mauvais goût et d’une approche plus grandguignolesque qu’historique.
Mais l’essentiel demeure que les belles façades du château Louis XIII, avec leurs chaînages de briques et leurs ornements de pierre, aient pu bénéficier de la remarquable rénovation menée par la Secf. La demeure familiale des princes de Wagram — principal titre donné par Napoléon à son chef d’état- major général — a ainsi repris vie et a attiré, dès ses grilles ouvertes, des centaines de visiteurs, accueillis, dès l’entrée, par une tente du Souvenir napoléonien. Les reconstitueurs, presque tous à cheval, qui ont paradé dans les lieux ont donné à cette fête l’aspect coloré qui permet de visualiser ce qu’étaient les uniformes du Premier Empire.
Bien connu dans le monde des courses, qui incluent dorénavant dans leur liste le Prix du prince de Wagram, le domaine de Grosbois voit donc maintenant s’ajouter à ses attraits ceux du patrimoine et de l’Histoire. On peut ainsi admirer l’immense propriété de près de 600 hectares, le château avec sa belle facture classique et les pièces regorgeant de toiles de maître, de livres anciens et de cartes de la fin du XVIIIe siècle — Berthier était ingénieur géographe sous l’Ancien Régime et avait servi à ce titre dans les troupes françaises envoyées épauler les combattants de l’indépendance des États-Unis. Cette nouvelle vie ne fait que commencer.
Jean Étèvenaux
Domaine de Grosbois – Avenue du maréchal de Lattre de Tassigny – 94470 Boissy Saint-Léger
http://www.domainedegrosbois.com
Tél : 0149771522