Il s’appelait réellement ou, plus exactement, se prénommait Napoleon Bonaparte et il fut l’un des généraux yankees de la guerre de Sécession. Né le 8 décembre 1823 à Chelsea dans le Vermont, il était le fils d’Hiram (1793-1859) vraisemblablement un prénom à connotation maçonnique et de Mary Latham McLaughlen ; on trouve parfois l’orthographe McLaughlin.
Il épousera Fanny Robinson McLaughlen (1844-1932), dont il aura deux enfants : Katherine Hamilton McLaughlen (1876-1974) et Bessie Whitney McLaughlen (1880-1884). Cinq ans après son décès, le 27 janvier 1886, Fanny demandera une pension au titre de veuve d’un combattant de la guerre de Sécession.
Entré en 1850 au 2e dragons [2e régiment de cavalerie, dont la devise est restée en français, « Toujours prêt », et dont l’emblème est une fleur de lys], il devient sergent et sert jusqu’en 1859. Le 27 mars 1861, il reprend du service comme lieutenant dans le 1er régiment, vite devenu le 4e, de cavalerie, en même temps qu’il assure les fonctions d’inspecteur général de l’armée au Kentucky. Puis il devient capitaine, puis colonel du 1er régiment d’infanterie des volontaires du Massachusetts. Il prend part à plusieurs grands combats de la guerre de Sécession, à Fredericksburg (11-15 décembre 1862), à Chancellorsville (30 avril-6 mai 1863) — qui lui vaut d’être promu major —, à Gettysburg (1er-3 juillet 1863) — d’où il ressort lieutenant-colonel —, à Wilderness (5-7 mai 1864) et à Spotsylvania (8-21 mai 1864). Le 14 septembre 1864, il devient colonel du 57e régiment d’infanterie des volontaires du Massachusetts. Commandant de la 3e brigade de la 1re division du IXe corps lors du siège de Petersburg (9 juin 1864-25 mars 1865) et à Poplar Springs Church (30 septembre-2 octobre 1864) ; il devient le 13 mars au Texas brigadier général des volontaires des États-Unis et prend part aux opérations de Boydton Plank Road (27-28 octobre 1864).
Le 25 mars 1865, lors de l’offensive confédérée contre Fort Stedman, il est fait prisonnier par les forces du général John Brown Gordon (1832-1904), un proche du général Robert Edward Lee (1807-1870) qui sera ensuite soupçonné de diriger le Ku Klux Klan en Géorgie avant d’en devenir le sénateur puis le gouverneur. Pendant sa courte captivité dans la dure prison de Libby, le général Napoleon Bonaparte McLaughlen est fait colonel puis brigadier général de l’armée américaine. À sa libération le 2 avril, il retourne prendre la tête de la 3e brigade de la 1re division du IXe corps jusqu’au 10 août suivant, mais Lee se rend à Appomatox le 9 avril et la guerre cesse.
McLaughlen continue à servir dans l’armée jusqu’en 1882. Il lutte contre les hors-la-loi assez nombreux dans la Louisiane d’après la guerre de Sécession. Il devient major du 10e de cavalerie le 17 mai 1876, s’installant l’année suivante à Fort Concho puis en 1881 à Fort Davis, dont il est le commandant. Avec des soldats afro-américains — les fameux Buffalo Soldiers —, il participe à des opérations contre des groupes d’Amérindiens, notamment des Comanches, d’autant que ceux-ci avaient plutôt pris le parti des Sudistes. Il décède à Middletown, dans l’État de New York, le 27 janvier 1886. Il est enterré au cimetière de Maple Grove, dans l’État de New York.
Jean Étèvenaux (à partir de renseignements fournis par Gérard Herzhaft)
Photographie de juillet 1865 montrant le brigadier général Napoleon Bonaparte McLaughlen (deuxième en partant de la droite) avec son état-major et un Afro-Américain à gauche avec un petit chien.